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me celuy qui lui avoit donné la vie ; il faiſoit entierement ſouvenir de luy ; & jamais fils ne fut ſi digne de ſon pere.

Sa Cour étoit belle & galante, & parmi tant de beautez qui briguoient à l’envie ſa conquête, aucune n’eût la gloire de toucher un cœur ſuperbe, que l’amour vouloit pourtant s’aſſujettir.

Il ſortoit d’une victoire pénible, & il venoit de vaincre un vieux Prince, celebre par ſes rigueurs, c’étoit un Tyran qui deſoloit toute la nature : aprés quoi il ne chercha qu’à ſe délaſſer par des Fêtes galantes & des divertiſſemens continuels.

Le bruit de ſa renommée voloit par tout, il ne fut pas ignoré de Thiphis & de Sublime, qui l’admiroient comme les autres. Zelindor étoit émû d’une ſecrette jalouſie pour tant de loüanges qu’on luy donnoit, & la Princeſſe Bleu encore plus émuë, ne pouvoit s’empêcher en ſecret de ſe deſtiner à un Prince fi charmant, & de ſouhaiter, au péril de mille travaux, qu’il fut celuy qui luy étoit promis par les deſtinées.

Elle s’abandonnoit à ſes penſées, voyant bien qu’elle n’aimeroit jamais un