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re la deſtinée de ſon enfant.

Elle donna naiſſance à une petite fille que la Fée prit dans ſes bras, & l’ayant attentivement conſiderée, elle vit dans ſa phyſionomie une élevation extraordinaire, une nobleſſe & une fierté digne du ſang dont elle ſortoit : mais auſſi elle remarqua une fatalité infaillible, ſi elle aimoit un homme ordinaire ; en un mot elle connut qu’elle ne ſeroit parfaitement heureuſe que lors qu’elle s’uniroit à quelqu’un d’aimable, mais qui luy ſeroit entierement oppoſé, & que ce ne pourroit être qu’aprés pluſieurs travaux.

Ces prédictions & ces contrarietez embaraſſoient la Fée. Elle ne croyoit pas qu’il fût aiſé de les accomplir. Cette oppoſition luy paroiſſoit un obſtacle, elle en voyoit encore un plus grand à trouver un homme parfait : la nature defaillante de ce temps-là ne produiſoit plus que difficilement, & les perſonnes extraordinaires étoient pour lors auſſi rares qu’elles le ſont à preſent.

La Fée ſe conſulta quelques momens pour ſavoir ce qu’elle feroit de la petite Princeſſe, & voulant l’ôter abſolument hors de la portée des hommes, elle la mit avec ſa Nourrice & quatre Princeſ-