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crier, quand elle vit entrer un fort beau jeune homme. Il étoit grand, d’une taille ſurprenante, il avoit dans les yeux une activité ébloüiſſante, l’action vive. Je viens vous offrir mes ſervices, belle Princeſſe, luy dit-il ; ce ne ſont pas les premiers que je vous ay rendus, me reconnoifſez-vous ? Non, luy dit-elle, je ne ſay qui vous étes ; & quand je vous anrois vû, je ne me ſouviens que de Nirée. L’aveu eſt franc, réprit il : mais je vous aime auſſi bien que Nirée. À quoy cela vous peut il ſervir, réprît-elle ? À vous aimer, répliqua-t-il, ſans ſe chagriner autrement. Ne ſavez vous pas, pourſuivit-il, qu’aimer eſt le premier plaiſir ? Je vous vis l’autre jour dans une place publique, je vous vis belle ; & vous me plûtes ſi fort, que bien que je ſois naturellement volage, je crus que je vous aimerois long-temps. Vous me paroiſſez ſingulier dans vos expreſſions, dit elle en l’interrompant ; ne puis je ſavoir qui vous étes ? Je vais vois ſatisfaire, réprit il.

Je ſuis Tourbillon, d’une nature preſque toute divine. Mon pere eſt Zephir ; je ne ſuis pas né de Flore, je ſors d’un mariage clandeſtin que mon