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travaux, j’occupe ma valeur aprés cela. On rend ma vie miſerable par mille indignitez que j’aurois honte de vous dire, mais le plus grand de tous mes maux, c’eſt qu’on me menace que je ne vous verray plus. Ce dernier mot fut coupé par des ſanglots ; Nirée ſe mit à pleurer, & Pretintin ne put s’empêcher de répandre des larmes.

Elle l’aſſura fort qu’elle parleroit au Roy & à la Reine, & qu’elle les prieroit de ne les point ſeparer. Mais le lendemain ſon deſeſpoir fut extréme, quand elle ne vit point de tout le jour le beau Nirée : Ah ! dit elle, c’en eſt fait, je ne le verray plus.

Elle ne voulut point ſouper ; & congediant toutes ſes filles, elle commanda qu’on la laiſsât ſeule, ne faiſant que s’affliger, & penſant comme elle pourroit faire pour avoir des nouvelles de Nirée. Elle n’avoit pû voir le Roy, & la Reine l’avoit grondée du ſoin qu’elle avoit marqué.

Que faire donc ? Elle penſoit & repenſoit, lors qu’elle entendit un vent impetueux ; les fenêtres de ſon appartement en tremblerent, & celles de ſa chambre s’ouvrirent. Elle fut effrayée, & penſa