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Tant fut couru, qu’elle ſçut qu’il y avoit en France le plus beau Prince qui eût jamais été. C’étoit peu que la beauté, quoy qu’elle fût charmante, il devoit encore par mille & mille perfections rendre un jour la merveille du monde.

Uliciane ſe tranſporte à Paris, va juſqu’au lit Royal ravir ce beau Prince endormi, il avoit dix ans ; elle le porte prés du Palais qui renfermoit l’aimable Pretintin. La Fée répandit dans toute ſon enceinte du jus de pavot, hors dans la chambre de la Princeſſe. Elle avoit accoûtumé de ne faire qu’un ſomme, & pour la premiere fois de ſa vie elle s’éveilla auſſi-tôt que le jour parut.

Inquiete elle ſaute en bas de ſon lit, elle va dans tout le Palais où tout étoit paiſible, elle en ſort ; portes en étoient ouvertes, & il n’y avoit point de garde. Elle court comme une petite inſenſée, & ne s’arrêta que par la rencontre qu’elle fit d’un jeune Prince auſſi beau qu’elle. Ils ſe regarderent avec une joye brillante dans les yeux ; & ſe tendans les bras, comme s’ils ſe fuſſent connus, ils s’embraſſerent, & ſembloient déja avec