NOTICE.
SUR C. V. CATULLE.
Nous n’imiterons pas dans cette Notice l’exemple suivi par la plupart des traducteurs qui, se mettant à deux genoux devant leur modèle, lui prodiguent les formules les plus emphathiques de l’éloge et de l’admiration. Bonnes gens, qui croient se grandir de toute l’importance qu’ils donnent à l’auteur qu’ils traduisent, et qui ne voient pas qu’en exagérant son mérite ils donnent aux lecteurs qui ne comprennent pas l’original, le droit de se montrer plus sévères envers la copie.
Nous nous proposons, dans cette Notice, d’apprécier Catulle à sa juste valeur ; d’examiner ce qu’il doit aux poètes grecs, et ce dont la poésie latine lui est redevable. Dans ce jugement impartial nous mettrons en ligne de compte l’état d’imperfection où il trouva l’art métrique et le degré de perfection auquel il le porta. Enfin, nous espérons prouver que, si Catulle n’égala ni Horace dans le genre lyrique, ni Tibulle et Properce dans l’élégie, il aplanit du moins la voie où ses successeurs marchèrent ensuite avec plus d’aisance, mais non pas, selon nous, avec plus de gloire. Donc, pour bien juger Catulle, nous jetterons un coup d’œil sur l’époque à laquelle il vécut, sur les difficultés qu’il eut à surmonter, sur les succès qu’il obtint, et nous pèserons dans une juste balance les qualités qui lui appartiennent en propre, et les défauts qu’il faut attribuer en grande partie à la grossièreté des mœurs de son siècle.
Par un préjugé dont les hommes les plus érudits sont rare-