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XXXVIII.

À CORNIFICIUS.


Cornificus, le malheur accable ton ami Catulle ; oui, certes, il est malheureux, il soutient une lutte pénible, et sa douleur s’aggrave sans cesse, de jour en jour, d’heure en heure. Et pas un seul mot de toi, qui lui offre la plus simple, la plus facile des condoléances ! Je m’emporte contre toi. Est-ce ainsi que tu m’aimes ? Je t’en supplie, seulement quelques paroles de consolation, mais qu’elles soient plus touchantes que les élégies de Simonide.

XXXIX.

CONTRE EGNATIUS.


Egnatius a les dents belles, et il rit sans cesse pour les montrer. Près du banc d’un accusé, au moment où l’avocat fait verser des larmes à l’auditoire, Egnatius rit ; il rit encore près du bûcher d’un fils unique que pleure une mère désolée : en toute occasion, en quelque lieu qu’il soit, quoi qu’il fasse, il rit toujours. C’est là sa manie ; mais elle n’est, à mon sens, ni agréable ni polie. Je dois donc t’avertir, pauvre Egnatius, que quand bien même tu serais né à Rome, ou chez les Sabins, à Tibur, ou chez l’Ombrien économe, chez l’Étrurien somptueux, ou le Lanuvien brun et bien endenté, ou, pour dire un mot de mes compatriotes, chez le Transpadin, ou tout autre peuple qui se rince la bouche avec de l’eau pure, encore ne te permettrais-je pas de rire ainsi à tout propos :