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jeune bouc à la barbe naissante ou celui d’une chèvre ont rougi cet autel. Pour prix des honneurs qu’ils me rendent, je dois protéger les maîtres de cette enceinte, et leur vigne et leur petit jardin. Gardez-vous donc, jeunes garçons, d’y porter une furtive main. Près d’ici demeure un voisin riche, dont le Priape est négligent. C’est là qu’il faut vous adresser : suivez ce sentier ; il vous y conduira.

XX.

MÊME SUJET.


Passant, cette image de peuplier, œuvre informe d’un artiste villageois, c’est la mienne, c’est celle de Priape : je protège contre la main rapace des voleurs cet enclos que tu vois sur la gauche, la chaumière de son pauvre maître et son petit jardin. Au printemps, il me pare d’une couronne de fleurs ; en été, d’une guirlande d’épis dorés par un soleil brûlant ; en automne, de raisins mûrs et de pampres verts ; et d’olives d’un vert pâle pendant les rigueurs de l’hiver. Aussi la chèvre nourrie dans mes pâturages porte à la ville ses mamelles gonflées de lait ; lorsqu’il vend l’agneau engraissé dans mes bergeries, il revient au logis les mains chargées d’argent ; et, ravies aux mugissemens de leur mère, ses tendres génisses vont rougir de leur sang les autels des dieux. Redoute donc, passant, la divinité protectrice de ces lieux, et garde-toi d’y porter la main. Il y va de ton intérêt ; sinon, ton châtiment est prêt : ce phallus rustique te l’infligera. Par Pollux ! dis-tu, de grand cœur !