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brûlant de Jupiter et la tombe révérée de l’antique Battus ; autant d’astres, par une nuit paisible, éclairent les furtives amours des mortels, autant il faudrait à Catulle de baisers de ta bouche pour étancher sa soif délirante, pour le forcer de dire, Assez. Ah ! puisse leur nombre échapper au calcul de l’envie, à la langue funeste des enchanteurs !

VIII.

CATULLE À LUI-MÊME.


Infortuné Catulle, mets un terme à ton délire ; ce qui te fuit, ne cherche plus à le ressaisir. De beaux jours ont brillé pour toi, lorsque tu accourais à ces fréquens rendez-vous où t’appelait une jeune beauté, plus chère à ton cœur que nulle ne le sera jamais ; heureux momens ! signalés par tant de joyeux ébats : ce que tu désirais, Lesbie ne le refusait pas. Oh ! oui, de beaux jours alors brillaient pour toi ! mais, hélas ! elle ne veut plus ; ne pouvant mieux, cesse toi-même de vouloir ; ne poursuis plus la cruelle qui te fuit : pourquoi traîner tes jours dans le malheur ? Supporte l’infortune avec constance, endurcis ton âme. Adieu donc, ô Lesbie ! déjà Catulle est moins sensible ; tu ne le verras plus chercher, supplier une beauté rebelle. Toi aussi, perfide, tu gémiras, lorsque tes nuits s’écouleront sans que nul amant implore tes faveurs. Quel sort t’est réservé ? qui te recherchera maintenant ? Pour qui seras-tu belle ? Quel sera ton amant ? De qui seras-tu la conquête ?