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leurs cellules, et d’aller bavarder par la ville. Il leur advient, ce qui arrive aux poissons, qui meurent, quand ils sont hors de l’eau. En demeurant en dehors de leur cellule, ils trônent la mort eux aussi, dans une vie vaine et désordonnée. Ils quittent cette cellule dont ils devaient faire un ciel, et s’en vont par les rues visitant les maisons de leurs parents ou d’autres séculiers, au gré de leurs caprices, et avec l’agrément de leurs prélats, qui leur laissent la bride longue au lieu de les attacher de court. Ces misérables pasteurs s’inquiètent si peu de voir ainsi leurs sujets, leurs frères, aux mains du démon, que Souvent ils les lui livrent eux-mêmes.

Oui parfois, sachant bien que ceux-ci sont de vrais démons incarnés, ils les enverront dans des monastères, pour les mettre en relation avec des religieuses, qui sont, elles aussi, de vraies diablesses incarnées. Là ils se corrompent réciproquement par leurs ruses et leurs manèges subtils. Au début le démon les encourage sous couleur de piété. Mais comme leur vie est misérable et lascive, ils ne se tiennent pas longtemps à ces faux dehors, et leur feinte dévotion ne tarde pas à montrer ses fruits. Ce sont tout d’abord des fleurs fétides, les pensées impures et honteuses ; accompagnées de feuilles qui sont les paroles déshonnêtes et les jeux misérables, qui les amènent à l’accomplissement criminel de leur désir. Les fruits qu’ils produisent ainsi, tu les connais bien, tu les as vus, ce sont leurs enfants. Maintes fois, ils en arrivent à quitter, l’un et l’autre, la sainte religion : lui, désormais,