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Ils administrent, il est vrai, spirituellement, les sacrements de la sainte Église, dont leur faute ne peut ni détruire, ni diminuer la vertu. Mais ils ne sustentent pas les âmes de leurs prières ferventes, de l’ardent désir de leur salut, et d’une vie honorable et sainte. Ils ne nourrissent pas, non plus, leurs sujets, des choses temporelles, ils ne distribuent pas aux pauvres les biens de l’Église dont ils doivent faire trois parts, comme je te l’ai dit : la première pour leurs besoins, la seconde pour les pauvres, la troisième pour l’utilité de l’Église.

Loin de là ! Non seulement ils ne distribuent pas ce qu’ils doivent aux pauvres, mais encore ils dépouillent les autres par simonie. Oui, par amour de l’argent ils vendent la grâce de l’Esprit-Saint. Souvent même ils en viennent à ce degré de malice, que ce que je leur ai donné gratuitement pour qu’ils le distribuent de même, ils le refusent à ceux qui en ont besoin, jusqu’à ce qu’ils aient la main pleine et qu’on les ait pourvus de nombreux présents. Leur amour pour ceux qui leur sont soumis se mesure exactement au profit qu’ils en retirent, ni plus, ni moins. Tous les revenus de l’Église passent dans l’achat de vêtements somptueux, pour se montrer, vêtus avec délicatesse, non comme des clercs ou des religieux, mais comme des seigneurs et damoiseaux de cour. Ils ont le goût des beaux chevaux, des nombreux vases d’or et d’argent pour la décoration de leur maison, et ils apportent dans cette possession, si contraire à leur état, une grande vanité de cœur qui se révèle dans le désordre et la légèreté