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misérables, et auront en partage les tourments les plus cruels.

Sais-tu, ma fille, quel est le principe de leur égarement ? Apprends-le, dans la douleur et l’amertume de ton cœur. C’est dans l’amour égoïste d’eux mêmes, d’où est issu l’arbre de l’orgueil, qui a pour rejeton l’aveuglement, l’absence de discernement. Dépourvus de sens spirituel, ils ne se proposent plus d’autre but, que les honneurs et la gloire ; ils sont à l’affût de grandes prélatures ; ils n’ont d’ambition que pour le faste et les délicatesses du corps. Pour moi, ils n’ont que du dédain, que des offenses. Ils s’attribuent à eux-mêmes ce qui ne leur appartient pas, et me donnent ce qui n’est pas à moi. Ce qui est à Moi, c’est la gloire, c’est l’honneur de mon nom, voilà ce qu’ils me doivent. Ce à quoi ils ont droit, c’est la haine de leur propre sensualité, par une véritable connaissance d’eux-mêmes, c’est le sentiment de leur indignité, en regard du grand Mystère que je leur ai confié. Bien au contraire, enflés d’orgueil, ils ne se peuvent rassasier de dévorer la terre des richesses et des délices du monde. Ils sont avides, cupides, avares à l’égard des pauvres ; et ce misérable orgueil et cette avarice, nés de l’amour égoïste et sensuel, leur ont fait abandonner le soin des âmes. Ils n’ont de pensée et de souci que des choses temporelles, et mes brebis, dont je leur ai commis la garde, ne sont plus, entre leurs mains, que des brebis sans pasteur. Ils ne les paissent pas, ils ne les nourrissent pas, ni spirituellement, ni temporellement.