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en peur de manquer, si peu que ce soit, du temporel ou du spirituel.

C’est là, en effet, le signe que la créature espère en Moi et non en elle-même n’avoir pas de crainte servile. Ceux qui ont placé en eux-mêmes leur espérance, craignent toujours. Ils ont peur de leur ombre ; ils se demandent sans cesse, si le ciel et la terre ne vont pas leur manquer. Avec cette crainte au fond du cœur, et la fausse espérance qu’ils ont mise en leur petite science, ils sont tourmentés d’une sollicitude misérable, pour assurer ou conserver les choses temporelles. Quant aux spirituelles, l’on croirait qu’ils les ont rejetées par derrière leurs épaules ; on ne trouve plus personne qui en ait souci.

Ils ne pensent pas, ces pauvres ministres orgueilleux et sans foi, que c’est Moi qui suis Celui qui pourvoit, en tout et pour tout, aux nécessités de l’âme et du corps, bien que ma Providence mesure son assistance, à l’espérance que vous avez en elle. Dans leur présomption, ils ne considèrent pas, les malheureux, que je suis Celui qui suis, qu’ils sont, eux, ceux qui ne sont pas, et que leur être ils le tiennent de ma Bonté, comme aussi toute grâce ajoutée à leur être.

C’est donc bien en vain, que se fatigue celui qui veille sur la cité, si je ne la garde pas moi-même. Tous ses efforts seront inutiles, toute sa vigilance sera en défaut, s’il ne s’en remet qu’à lui seul, du soin de la protéger : car c’est Moi, et Moi seul, qui la protège. Je veux, il est vrai, que l’être et les