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dernier moment, il est vrai, s’ils s’humilient en reconnaissant leur faute, s’ils veulent se réconcilier avec leur chef et qu’ils ne le puissent pas, ils recevront miséricorde ! Soit ! Ce n’est pas une raison, cependant, d’attendre ce dernier instant, car ils ne sont pas sûrs d’en pouvoir disposer.

La troisième raison, qui fait que leur faute est plus grave que toutes les autres, c’est que ce péché est voulu par malice, avec préméditation. Ils savent bien, qu’en bonne conscience, ils ne peuvent pas ainsi outrager mes ministres. Et ils le font quand même, ils m’offensent par perversité d’orgueil, sans entraînement de la chair. Ils ruinent ainsi leur âme et leur corps. L’âme est ruinée par la perte de la grâce, et souvent elle est rongée par le ver de la conscience. Leurs biens corporels, ils les gaspillent au service du démon, et leurs corps périssent enfin comme des animaux.

Ainsi donc ce péché est commis directement contre Moi, sans intérêt personnel, sans jouissance sensuelle, uniquement par malice et par orgueil. Cet orgueil a sa source dans l’amour-propre sensitif, et dans cette crainte coupable qu’eut Pilate lorsque, par peur de perdre son pouvoir, il mit à mort le Christ mon Fils unique. Ainsi font toujours ceux qui portent la main sur mes ministres. Tous les autres péchés sont commis ou par simplicité, ou par ignorance, ou même par malice, quand on sait que l’on fait mal, mais c’est à cause de la jouissance désordonnée, ou du plaisir, ou de l’intérêt personnel, que l’on se procure par le péché