Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/330

Cette page n’a pas encore été corrigée

marché sur terre et sauva par ce moyen ce compagnon.

Si tu ouvres l’œil de ton intelligence, tu verras en toutes choses, éclater l’excellence de cette vertu. Pour l’obéissance il faut laisser tout le reste. Serais-tu élevée à une si haute contemplation et à une si parfaite union de ton esprit en moi, que ton corps fût emporté lui-même au-dessus dè terre, si tu recevais un ordre au nom de l’obéissance, tu devais faire tous tes efforts pour t’arracher à ta contemplation, si toutefois tu le pouvais. Car je parle en général et non pas des cas exceptionnels qui ne tombent pas sous la loi. Songe donc que tu ne dois jamais quitter l’oraison, alors même que l’heure est passée, sinon par nécessité, on par charité, ou par obéissance, et juge par là à quel point j’exige de mes serviteurs la promptitude dans l’obéissance, et combien elle me plaît.

Tout ce que fait l’obéissant est méritoire. S’il mange, c’est par obéissance ; s’il dort, c’est par obéissance. Qu’il marche ou qu’il s’arrête, qu’il jeûne ou qu’il veille, c’est par obéissance ; sort-il le prochain, c’est par obéissance. Va-t-il au chœur ou au réfectoire, ou demeure-t-il dans sa cellule, qui conduit ses mouvements ou qui le tient immobile ? L’obéissance, qui à la lumière de la foi, le jette, mort à tout ce qui est volonté propre, plein de haine et de mépris pour lui-même, entre les bras de la religion et de son prélat. Par cette obéissance il se tient tranquille dans la barque, abandonnant à son supérieur toute sa conduite. Il