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parole, en jugeant que l’intention du prélat est dans ma volonté, et que c’est par commission de moi et par ma volonté qu’il lui commande : c’est pour cela que je t’ai dit, qu’il obéissait plus à l’intention qu’à la parole. Il n’exécute sa parole que parce que tout d’abord il s’est soumis avec amour à sa volonté, éclairé par la lumière de la foi qui lui fait voir sa volonté en moi.

On lit dans la vie des Pères, un bel exemple de cette obéissance inspirée par l’amour. Un solitaire ayant reçu un ordre de son supérieur au moment ou’ il avait commencé d’écrire un O, — une bien petite chose pourtant ! — il ne prit pas le temps de le finir ; sans le moindre retard, il alla où l’appelait l’obéissance. Pour lui témoigner par un signe extérieur, combien cette promptitude m’était agréable, ma clémence acheva en or la lettre commencée.

Cette gracieuse vertu me plaît tant, que, pour aucune autre je n’ai accompli tant de miracles, ni donné tant de signes et de témoignages de la satisfaction qu’elle me cause. C’est qu’elle procède de la lumière de la foi. Pour démontrer combien elle m’est agréable, la terre lui obéit, les animaux lui sont soumis, l’eau se fait solide pour porter l’obéissant.

La terre lui est soumise, ai-je dit ! Ne te souvient-il pas d’avoir lu l’histoire de ce disciple, à qui son abbé remit un bâton de bois sec, en lui imposant par obéissance, d’aller le planter en terre et de l’arroser chaque jour. Eclairé par la lumière de la foi, il ne s’arrêta pas à demander comment la