Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/315

Cette page n’a pas encore été corrigée

état, il leur est moins aisé de sortir de leur imperfection qu’au pécheur, dans l’état de péché, de s ’arracher à sa misère.

Sais-tu pourquoi ? c’est que le pécheur voit évidemment qu’il fait mal, la conscience le lui montre. S’il ne renonce pas à sa faute, bien que la lumière naturelle lui découvre que ce qu’il fait est mal, c’est l’amour-propre qui en est cause, c’est l’amour de ses aises qui l’a tellement débilité, qu’il ne se sent plus capable de cet effort. Si on lui demandait Ne sais-tu pas que c’est mal de faire cela ? il répondrait oui, mais ma fragilité est si grande, qu’il ne me semble pas que je puisse en sortir. Cependant, ce disant, il ne dit pas vrai ; avec mon aide, s’il le veut, il en peut sortir mais il n’en sait pas moins qu’il fait mal, et, avec cette connaissance, il lui est aisé de se retirer du péché, s’il le veut. Mais, ces tièdes, qui ne font ni grand mal ni grand bien, n’ont pas conscience de leur état de torpeur, ni ne sentent dans quel péril ils se trouvent. Ne le voyant point, ils n’ont point souci d’y échapper, ni même qu’on les en avertisse. Si on leur ouvre les yeux, l’indifférence de leur cœur est telle qu’ils demeurent encore retenus par les liens d’une longue habitude.

Comment donc pourront-ils s’arracher à cette tiédeur ? Qu’avec la haine de leur propre estime et réputation, ils prennent ce bois de la connaissance d’eux-mêmes et le jettent dans le feu de ma divine charité en épousant à nouveau, comme s’ils entraient dans l’Ordre pour la première fois,