Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/314

Cette page n’a pas encore été corrigée

bien des occasions par leur sens propre et leur satisfaction personnelle, sous couleur de religion. Ils s’attacheront aux pratiques et aux cérémonies extérieures de la religion plus qu’ils ne s’inspireront de son esprit, et souvent ils se laisseront aller, par défaut de lumière, à juger témérairement de ceux qui se conforment plus parfaitement qu’eux à l’esprit de la règle, mais sont moins assidus dans l’accomplissement des actes extérieurs, qu’ils observent eux-mêmes.

Ainsi donc c’est tout préjudice pour eux, de se contenter de cette obéissance quelconque. Cette tiédeur leur rend l’observance très laborieuse, et ils ne s’y soumettent qu’à grand’peine, parce que leur cœur indifférent trouve ce fardeau trop lourd ; à le porter, ils se fatiguent beaucoup, pour en retirer peu de mérite. Ils manquent ainsi à la perfection qu’ils ont embrassée et qu’ils sont tenus d’observer, et s’ils font moins de mal que les autres dont je t’ai parlé, cependant ils font mal. Ils n’ont pas quitté le siècle pour garder la clef de l’obéissance commune ; c’est avec la petite clef de l’obéissance religieuse qu’il leur faut ouvrir le ciel ; et cette petite clef, ils la doivent porter attachée, par le cordon de l’abnégation et du mépris d’eux-mêmes, à la ceinture de l’humilité, et la tenir toujours à la main du fervent amour, comme je te l’ai dit.

Sache bien, ma très chère fille, qu’ils sont capables d’arriver à la grande perfection, s’ils le veulent, car ils en sont bien plus près que les autres qui sont pêcheurs. Mais aussi, dans leur