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On lui commande l’obéissance ; il n’aime que la révolte. On lui impose la pauvreté volontaire ; il l’a en horreur ; il possède tout ce qu’il peut, et il désire encore davantage. On exige de lui la continence et la pureté ; il rêve de luxure. La transgression des trois vœux, ma fille, est pour le religieux la ruine. Si profondes sont ses chutes et si lamentables, que son extérieur même se ressent du désordre de son âme. Son air n’a rien de religieux, il semble un démon incarné, comme je te l’ai dit ailleurs plus longuement. Je ne laisserai pas cependant de t’exposer son erreur et les fruits que produit sa révolte, pour mieux te convaincre encore de l’excellence de l’obéissance.

Ce malheureux est le jouet de son amour-propre. Sa foi morte n’éclaire plus suffisamment le regard de son intelligence, qui s’est arrêté avec complaisance à la satisfaction de sa propre volonté et aux choses de la terre. Son corps a quitté le monde, son cœur y est demeuré. Comme l’obéissance lui paraît pénible, il s’est mis à désobéir, croyant par là même échapper à la peine. Et voilà que le fardeau s’est fait beaucoup plus lourd ; car enfin il lui faut se soumettre, ou par force, ou par amour. Combien plus douce était pour lui, et plus aisée, l’obéissance acceptée par amour.

O l’insensé ! Et qui l’abuse, sinon lui-même ? Il cherche son plaisir, et son désir même cause sa peine, en lui rendant insupportables ses propres actes dont l’obéissance lui fera une obligation. Il veut jouir, il aime son repos, il souhaiterait de se