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véritablement. Si cependant elle doit converser avec ceux qui sont en révolte contre ma volonté, ce n’est pas pour imiter leurs défauts, mais pour les arracher à leur misère. Sa charité fraternelle voudrait partager avec eux le bien qu’elle porte en elle, car elle voit combien plus de louange et de gloire en reviendraient à mon nom, si elle multipliait autour d’elle les vrais observateurs de la règle. Aussi s’emploie-t-elle de tout son effort, à rappeler à leurs devoirs religieux et séculiers, par la parole, par la prière, par tous les moyens en son pouvoir, n’ayant rien de plus à cœur que de les retirer des ténèbres du péché mortel.

Ainsi, qu’il s’entretienne avec les justes ou avec les pécheurs, toutes les conversations du véritable obéissant sont bonnes et parfaites, dirigées qu’elles sont par une charité généreuse et bien ordonnée. De sa cellule il se fait un ciel, où il se plaît à parler et à converser avec moi, son Seigneur et Père éternel dans un profond sentiment d’amour, fuyant l’oisiveté par d’humbles et continuelles oraisons.

Quand les imaginations, par illusion du démon, viennent l’assiéger dans sa cellule, il ne s’étend point sur le divan de la paresse, en s’abandonnant au repos ; il ne s’arrête pas à examiner curieusement avec sa raison, les mouvements de son cœur et ses pensées. Non, il fuit l’oisiveté. Armé de la haine de soi, il se dresse contre lui-même et contre sa sensualité, il se réfugie dans une véritable humilité, il fait appel à la patience pour supporter l’épreuve qui visite son âme, et il résiste