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fois décapité celui qui était le principal et entretenait tous les autres, l’âme est délivrée, elle demeure en paix, sans aucun trouble. Elle n’a plus désormais à craindre la guerre, puisqu’elle s’est affranchie de tout ce qui pouvait être pour elle, une cause d’amertume et de tristesse.

Et qui donc la pourrait troubler ? Est-ce l’injure ? Non : car elle est patiente, et la patience est sœur de l’obéissance ! Sont-ce les obligations et les observances de l’Ordre ? Non, l’obéissance les lui fait accomplir ! Est-ce l’obéissance elle-même qui lui est un lourd fardeau ? Non : elle a foulé aux pieds sa propre volonté : elle ne veut pas soumettre à son propre examen, pour la juger, la volonté du supérieur. La lumière de la foi lui fait voir ma volonté dans la sienne ; que le prélat commande ou qu’il se taise, en tout, elle n’aperçoit que ma clémence qui ordonne toute chose à son salut. Eprouvera-t-elle du dégoût ou de l’ennui, de se voir imposer les occupations les plus viles de l’Ordre, ou d’avoir à supporter les réprimandes, les railleries, les sarcasmes, les humiliations, les mépris qui lui viendront de la part des hommes ? Souffrira-t-elle d’être comptée pour rien ? Non : car elle s’est éprise d’amour pour l’abnégation et le mépris d’elle-même ; elle n a pour elle qu’une parfaite haine ; elle se réjouit dans la patience, elle tressaille de joie, elle est dans l’allégresse, en compagnie de son épouse la véritable obéissance. Elle n’a d’affliction que de l’offense qui m’est faite, à moi son Créateur.

Elle n’a de commerce qu’avec ceux qui me craignent