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d’être pauvres. Il y en eut un, il est vrai, parmi ses disciples, dont la foi faiblit et qui eut peur de n’être pas assisté dans ses besoins. Mais ce n’était pas lui qui manquait de foi ; il la portait comme une armure, et c’est avec une inébranlable confiance, qu’il espérait en ma providence.

Il soumit les siens à l’obéissance, et demanda que chacun fût fidèle à s’acquitter de la tache qui lui était assignée. Comme aussi, la luxure obscurcit l’œil de l’intelligence et que même la vie du corps se trouve affaiblie par ce misérable vice, il entendit entourer le religieux d’une sauvegarde, pour conserver intacte la lumière de l’esprit, et le tenir ouvert aux clartés de la science. Il institua donc le troisième vœu de continence, et il voulut que tous sans exception l’observassent, avec une véritable et complète obéissance. Aujourd’hui on ne l’observe guère ! On change en ténèbres la lumière même de la science, en l’enveloppant des fumées de l’orgueil. Non certes que la lumière en elle-même soit obscurcie par ces ténèbres, mais c’est l’âme du savant qui devient ténébreuse. Et là où est l’orgueil, il ne peut y avoir d’obéissance.

Je t’ai déjà dit, que l’homme n’est obéissant qu’autant qu’il est humble, et qu’il n’est humble qu’autant qu’il est obéissant. S’il viole son vœu d’obéissance, il est bien rare qu’il ne transgresse pas aussi celui de continence, soit en actes, soit de désir.

C’est ainsi que Dominique ton père, a disposé sa barque. Il l’a gréée de ces trois cordages qui sont l’obéissance, la continence et la vraie pauvreté.