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et sans ce portier, nul n’y peut avoir accès. C’est ce qu’il vous a appris dans son Evangile, quand il vous a dit que nul ne peut venir à moi, le Père, si ce n’est par lui. Quand il quitta la société des hommes pour retourner près de moi en montant au ciel, il vous laissa cette précieuse clef de l ’obéissance. Comme tu sais, il établit son vicaire, le Christ sur terre, à qui tous vous êtes tenus d’obéir jusqu’à la mort. Qui se sépare de son obédience est en état de damnation, comme je te l’ai dit en un autre endroit.

Je veux te faire voir, maintenant, cette vertu si excellente dans l’humble Agneau sans tache et t’apprendre d’où elle procède. D’où vient donc que ce Verbe fut si obéissant ? De l’amour qu’il eut de mon honneur et de votre salut. Et cet amour d’où procédait-il ? De la claire vision qu’avait son âme de la divine essence et de l’immuable Trinité. Il me voyait ainsi toujours moi-même, le Dieu éternel. Cette vision produisait en lui, avec une perfection absolue, cette fidélité, que la lumière de la foi ne réalise en vous qu’incomplètement. Il me fut donc fidèle à moi, son Père éternel, et sous cette glorieuse lumière, dans l’ivresse de l’amour, il s’est élancé dans la voie de l’obéissance.

Mais l’amour ne va jamais seul, sans son cortège des vraies et réelles vertus, qui toutes puisent leur vie, dans le foyer même de la charité ; toutefois les vertus de mon Christ n’ont pas la même mesure des vôtres. Parmi ces vertus, la principale est la patience, qui est comme la moelle de l’amour : c’est