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était dans l’allégresse et la tranquillité ? Il n’en était rien cependant. Avec toutes ses richesses, le riche endurait plus de peines, que le pauvre Lazare dévoré par la lèpre. Le riche avait conservé sa propre volonté toute vive, qui faisait son tourment. En Lazare, la volonté était morte, ou ne vivait qu’en moi, qui le fortifiais et le consolais dans sa souffrance. Repoussé des hommes, en particulier de ce riche maudit, sans personne pour laver ses plaies et s’occuper de lui, ma providence lui envoyait quelque animal sans raison qui léchait ses ulcères. Mais au terme de leur vie, — vous le voyez à la lumière de la foi, si Lazare a la vie éternelle, le riche est en enfer.

Oui, je le répète, les riches sont plongés dans la tristesse, et mes chers pauvres débordent d’allégresse. Je les garde sur mon sein, où je leur donne le lait des multiples consolations. Pour avoir tout quitté, ils me possèdent tout entier. L’Esprit-Saint se fait la nourrice de leur âme et de leur pauvre corps, en quelque situation qu’ils se trouvent. Ma providence leur envoie même des animaux, pour les assister quand il en est besoin. Je secoure le solitaire malade, en inspirant à un autre solitaire de quitter sa retraite pour l’aller visiter. Tu sais bien toi-même, que maintes fois il est arrivé que je te faisais sortir de ta cellule, pour subvenir aux nécessités des pauvres qui avaient besoin de toi. En d’autres circonstances, ne t’ai-je pas fait expérimenter pour toi-même, les attentions de cette même providence, en t’envoyant les secours qui t’étaient