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une occasion de mérites, mais jamais je ne manque de les assister dans leurs besoins. En toute occurrence, ils ont éprouvé l’abîme de ma divine providence et goûté le’ lait de la divine douceur.

Aussi ne redoutent-ils point l’amertume de la mort, morts déjà à eux-mêmes et aux richesses et fidèlement attachés à leur épouse la pauvreté. Eperdument amoureux de ma volonté et ne vivant que pour elle, ils sont prêts à supporter le froid, la nudité, le chaud, la faim, la soif, les railleries, les affronts, et, de tout leur cœur, ils s’empressent à la mort, heureux de donner leur vie par amour de la vie, par amour pour moi qui suis leur vie, et de verser leur sang pour l’amour du Sang.

Regarde-les mes pauvres ! Vois les apôtres et les autres, mes glorieux martyrs, Pierre, Paul, Etienne, Laurent !

Laurent, dans son supplice, paraissait être non sur un gril de feu, mais sur un lit de fleurs délicieuses, donnant tranquillement la réplique au bourreau : " Ce côté est cuit, lui disait-il, tourne-le, et commence à manger ". Le grand feu de la charité divine, qui dévorait son âme, l’empêchait de sentir le petit feu qui brûlait son corps.

A Etienne, les pierres semblaient des roses. Et la cause ? L’amour avec lequel il avait pris pour épouse la pauvreté véritable. Il avait quitté le monde, pour l’honneur et la gloire de mon nom, pour épouser la pauvreté, dans la lumière de la foi, avec une ferme espérance et une prompte obéissance. Tous ceux-là s’étaient faits obéissants aux commandements et