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qui par la grâce suis déjà né dans l’intime de vos âmes.

Tu le vois couché entre des animaux, en une grande détresse que Marie n’a même pas de quoi le couvrir. Il fait froid cependant, et, pour le réchauffer, elle n’a qu’un peu de foin et l’haleine des animaux. Il est, par lui-même, le feu de la charité, et il a voulu souffrir du froid dans son humanité, pleurant toute sa vie au cours de son existence en ce monde, il a voulu souffrir, sans ses disciples ou avec ses disciples. Une fois, la faim contraignit ses disciples à égrener des épis pour en manger les grains. Au dernier jour de sa vie, il fut dépouillé, mis à nu, attaché à la colonne, flagellé. Sur la croix, la soif le dévore et il se trouve en un si grand dénuement que la terre et le bois lui manquent pour appuyer sa tête, et qu’il doit la reposer sur son épaule. C’est alors qu’enivré d’amour, il vous fait un bain de son sang, qui, de toutes les blessures de cet Agneau, coule jusqu’à la dernière goutte. C’est du fond de sa misère, qu’il vous communique la grande richesse. De ce bois étroit de la croix où il est étendu, il répand ses largesses sur toutes les créatures raisonnables ; en goûtant à l’amertume du fiel, il vous procure à vous l’inaltérable douceur. Plongé dans la tristesse, il vous distribue la consolation ; en demeurant attaché et cloué à la croix, il vous délivre des liens du péché mortel ; en devenant esclave, il vous fait libres et vous arrache à la servitude du démon. Il a été vendu, et il vous rachète par son sang. En acceptant pour lui la mort, à vous il a donné la vie.