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véritable. Dans l’un et l’autre état, mes serviteurs inclinent la tête et se font petits par humilité. Mais puisque, dans un autre endroit, s’il t’en souvient, je t’ai entretenue suffisamment du second, je te parlerai ici uniquement du premier.

J’ai dit et montré comment tous les maux, toutes les ruines, toutes les douleurs, en cette vie et dans l’autre, proviennent de l’amour des richesses. Par contre je te dis maintenant que tout bien, toute paix, tout repos vous sont assurés par la pauvreté véritable. Regarde donc un peu mes pauvres ! Sur leur visage quelle allégresse, dans toute leur personne quelle jubilation ! Jamais ils ne s’attristent de rien, si ce n’est de mon offense ; mais cette tristesse, bien loin d’affliger l’âme, la fait vivre. Par la pauvreté, ils ont acquis la suprême richesse ; ils ont renoncé aux ténèbres pour trouver la plus parfaite lumière ; ils sont sortis de la tristesse du monde, pour entrer dans l’allégresse ; au prix de biens périssables ils ont acquis des biens immortels. Aussi leur âme est-elle inondée d’une telle joie, que plus grande ne saurait être. Les labeurs leur sont un repos, les souffrances un rafraîchissement.

Vis-à-vis de tous les hommes leurs rapports sont réglés par la justice et par la charité fraternelle. Ils ne demandent rien aux créatures, eux en qui brille la vertu de la très sainte foi, de l’espérance vraie, et que dévore le feu de la divine charité. Par cette lumière de la très sainte foi, ils ont trouvé en moi la richesse suprême et impérissable, ils ont élevé leur espérance au-dessus du monde et de la vanité