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des hommes lui fussent demeurés dans le désastre de sa fortune, qui eût laissé intact le trésor de ses vertus.

Et combien lourds les fardeaux qui pèsent sur cette conscience ! Elle en est si écrasée, qu’elle ne peut courir dans le chemin où elle doit cependant accomplir son voyage, ni passer par la porte étroite.

Dans le saint Evangile, ma Vérité vous a dit qu’il était plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans la vie éternelle ! Ces riches, ce sont ceux qui, par un attachement déréglé pour les biens de ce monde, possèdent ou convoitent les richesses. Nombreux sont ceux comme je t’ai dit, qui, pauvres en réalité, par leur attachement désordonné n’en possèdent pas moins le monde entier avec la volonté, s’ils pouvaient, de s’en rendre maîtres. Impossible à ceux-là de passer par la porte qui est étroite et basse ; à moins qu’ils ne jettent leur charge, en retirant leur cœur de l’amour du monde, et qu’ils ne courbent la tête par humilité.

Or, c’est par cette porte qu’il faut passer : il n’y en a pas d’autre qui donne accès dans la vie. Il y a bien une grande porte ; mais c’est sur l’éternelle damnation qu’elle s’ouvre ! Et c’est par elle, que ces aveugles vont passer, sans voir la ruine où ils s’engagent, et ayant déjà un avant-goût de l’enfer. De toutes parts, ils sont entourés de tourments.