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CHAPITRE XVI

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Des maux qui découlent de la possession ou du désir déréglé des richesses temporelles.

Hélas ! ma très chère fille, vois donc quelle honte pour ces hommes si misérablement avides des biens de ce monde, et qui ne suivent même pas les indications de la lumière naturelle, pour l’acquisition du bien suprême et éternel ! Ils ne font même pas ce que faisaient ces philosophes, par amour de la science. Dés qu’ils avaient compris que les richesses étaient un obstacle pour eux, ceux-ci s’en dépouillaient, et ceux-là de leurs richesses veulent se faire un dieu, ni plus ni moins ! N’est-il pas évident qu’ils ont plus de douleur de la perte de ces biens temporels, que de me perdre, moi, le bien suprême, l’éternelle richesse.

A y regarder de près, tu découvriras que c’est dans ce désir désordonné, dans cette volonté déréglée de devenir riche, qu’est la source de tous les maux. De là vient l’orgueil, qui veut dominer les autres. De là, l’injustice envers soi-même et envers autrui. De là, l’avarice, qui fait que par soif de l’or on se met peu en peine de savoir si pour s’enrichir l’on dépouille son frère, ou si l’on grossit ses propriétés des biens de la sainte Église,