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châtiment sans fin. Car j’avais tout disposé, sur cette terre, pour le détourner de cette éternelle douleur.

Si tu élèves tes regards vers moi, qui suis la vie qui ne passe pas, si tu contemples la nature angélique et les citoyens de cette cité immortelle, qui, par la vertu du sang de l’Agneau ont obtenu la vie éternelle, tu verras que j’ai disposé avec ordre leur charité. Je n’ai pas voulu qu’aucun pût jouir tout seul, à part soi, de sa félicité dans cette vie bienheureuse, qu’il a reçue de moi, sans que tous les autres en eussent leur part. Non, je ne l’ai pas voulu, et leur amour mutuel s’ordonne en une charité si parfaite que le plus grand jouit du bonheur du plus petit et que le plus petit prend part à la joie du plus grand. Quand je parle de plus petit, c’est de la mesure qu’il a reçue que je l’entends ; car tous ont la plénitude, le plus petit comme le plus grand, mais chacun à des degrés divers, comme je te l’ai expliqué ailleurs.

O combien fraternelle est cette charité ! Comme étroitement elle unit à moi toutes ces âmes et toutes entre elles, puisque c’est de moi qu’ils la tiennent, et qu’ils reconnaissent avec sainte crainte et parfait respect, que c’est de moi qu’ils l’ont reçue. Cette considération les embrase d’amour pour moi ; et en moi dès lors, ils voient et connaissent la dignité à laquelle je les ai élevés. L’ange entre en communication avec l’homme, avec l’âme bienheureuse, et les bienheureux avec les anges : unis qu’ils sont par les liens de la charité, chacun se réjouit du bonheur