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avec tout ce qu’elle possède, avec l’ouïe, avec la vue, avec la parole. Ainsi font tous les autres membres. Ce n’est pas de même qu’en agit l’homme orgueilleux, qui voyant l’un de ses membres pauvre et infirme, ne l’assiste pas dans sa nécessité, non pas certes de tout son avoir, mais encore de la moindre parole de bonté : il n’a pour sa misère que des reproches et en détourne la tête avec dégoût. il regorge de richesse et il laisse son semblable mourir de faim. Il ne s’aperçoit pas que sa bassesse et sa cruauté font monter jusqu’à moi une odeur de mort ; mais c’est pour les profondeurs de l’enfer qu’est faite sa corruption.

Ma providence cependant veille sur ce pauvre, et par la pauvreté lui prépare des richesses magnifiques, tandis que le riche, s’il ne revient à résipiscence, subira les reproches dont l’accablera ma Vérité et qu’elle annonce dans le saint Evangile : " J’ai eu faim, tu ne m’as pas donné à manger ; j’ai

eu soif, tu ne m’as pas donné à boire ; j’ai été nu, tu ne m’as pas vétu ; j’ai été malade, j’ai été prisonnier, tu ne m’as pas visite (Mt 25, 42)."

Il lui servira de peu, à ce dernier jour, de prétendre s’excuser en disant : Mais ! je ne vous ai pas vu ! si je vous avais vu, je n’eusse pas manqué de vous assister ! — Ce malheureux riche sait bien, c’est ma Vérité qui l’a dit, que ce qui est fait à ses pauvres est fait au Christ lui-même. Ce sera donc bien justement qu’il recevra avec les démons, un