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vous, dans le commerce extérieur, ma providence n’a pas voulu donner à chaque homme tous les moyens de subvenir par lui-même à toutes les nécessités de la vie humaine. Chacun a reçu en partage un talent particulier, et tous sont ainsi obligés de recourir les uns aux autres pour se procurer ce dont ils ont besoin. Tu le peux voir, l’artisan a recours au laboureur et le laboureur ne peut se passer de l’artisan. Chacun d’eux a besoin de l’autre, parce que chacun d’eux ne sait pas faire ce que l’autre produit. Pareillement le clerc et le religieux ont besoin du séculier et le séculier ne peut se passer du religieux ; ils sont nécessaires l’un à l’autre. Ainsi en est-il du reste des hommes.

Ne pouvais-je accorder à chaque homme tout ce qui lui était nécessaire ? Oui bien. Mais c’est ma providence qui a voulu que chacun fût soumis à son semblable et fût ainsi amené par le besoin qu’ils ont les uns des autres à demeurer unis par les actes extérieurs et par le sentiment intérieur de la charité. J’ai fait éclater en eux ma magnificence, ma bonté, ma providence, et ils se laissent mener par les ténèbres de leur propre sensualité. Les membres mêmes de votre corps devraient vous faire rougir, car eux pratiquent entre eux la charité que vous ignorez vous-même. Quand la tête est malade, la main lui prête assistance, si c’est un doigt, ce tout petit membre, qui souffre, la tête ne dédaigne pas de se porter à son aide sous prétexte qu’elle est la partie la plus haute et la plus noble du corps : elle vient au contraire à son secours