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je te l’ai expliqué plus longuement en un autre endroit. Qui lance plus parfaitement le filet, pêche aussi plus parfaitement ; et les parfaits dont je t’ai parlé font une pêche très abondante et excellente.

Supérieurs en effet sont leurs moyens d’action, par la belle ordonnance qu’ils ont su mettre en leurs puissances, par la bonne et douce garde exercée par le libre arbitre à la porte de la volonté. Tous leurs sentiments s’accordent en la plus suave harmonie, à l’intérieur de la cité de l’âme, dont toutes les portes sont à la fois ouvertes et fermées. La volonté est fermée à l’amour-propre, elle est ouverte au désir, au zèle de mon honneur, et à l’amour du prochain. L’intelligence est fermée à la considération des plaisirs, des vanités et des bassesses du monde, ténèbres épaisses qui obscurcissent l’esprit qui s’y attache et le plongent dans la nuit ; elle est ouverte à la mémoire et au souvenir de mes bienfaits. Toute la puissance affective de l’âme entre alors en jubilation et entonne un cantique, dont la prudence a réglé tous les accords et dont la dominante est la gloire et l’honneur de mon nom. Elle a accordé pour cette harmonie, les grandes cordes des puissances de l’âme, comme aussi les cordes plus grêles des sens qui sont les organes du corps. Si les hommes d’iniquité rendent un son de mort en accueillant leurs ennemis, ceux-ci, mes parfaits, font entendre un hymne de vie, et en recevant leurs amies, les vraies et solides vertus, ils leur donnent le concert de leurs œuvres bonnes et saintes.