Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/220

Cette page n’a pas encore été corrigée

demeure insensible à toutes les autres souffrances, comme si ce n’était pas elle qui les endurât.

Une autre attention de ma providence, est de me manifester moi-même à mes serviteurs. Je leur fais voir en moi, avec une grande tristesse, les iniquités et les misères du monde, la damnation des âmes en général et en particulier, selon qu’il plaît à ma bonté, pour les faire progresser dans l’amour et dans la peine. Stimulés ainsi par le feu du désir, ils crient vers moi avec une ferme confiance, éclairés par la lumière de la très sainte foi, pour demander mon assistance en faveur de tant d’infortunés. Ainsi, du même coup, ma divine providence pourvoit aux besoins du monde, vaincue qu’elle est par les doux désirs tourmentés de mes serviteurs, et eux-mêmes en retirent avantage, par la connaissance plus profonde qu’ils y trouvent et par l’union plus parfaite qu’ils font avec moi.

Tu le vois donc bien, nombreuses sont les voies et bien variés les moyens par lesquels je conduis les parfaits. Tant qu’ils sont en cette vie, ils sont toujours capables de progresser dans la perfection et de mériter davantage. C’est pourquoi, sans cesse je m’emploie à les dépouiller de tout amour-propre désordonné, spirituel ou temporel, et je les travaille par de nombreuses tribulations, pour qu’ils produisent un fruit plus abondant et meilleur. Le déchirement qu’ils endurent en voyant que l’on m’offense et que les âmes perdent la grâce, éteint en eux tout autre sentiment, tellement que toutes les peines de cette vie leur paraissent, auprès