Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/194

Cette page n’a pas encore été corrigée

mon Esprit-Saint, que ma bonté lui a donné pour la servir, suggère alors à quelque prêtre la pensée qu’il doit administrer cette nourriture. L’Esprit-Saint le presse par l’ardeur de ma charité, et stimule sa conscience. Sous cette poussée intérieure, le prêtre est amené à apaiser la faim de cette âme et à combler ses vœux. Parfois je la ferai attendre ainsi jusqu’au dernier moment, et quand elle aura perdu tout espoir, c’est alors qu’elle obtiendra ce qu’elle désire.

N’aurais-je pu pourvoir à lui procurer, dès le commencement, la satisfaction que je lui ai l’ait attendre ? Oui, en vérité, mais si j’ai différé, c’était pour accroître en elle la lumière de la foi et l’habituer à ne jamais se lasser d’espérer en ma bonté, en même temps que je la rendais plus circonspecte et plus prudente en lui apprenant à ne pas retourner en arrière, en se relâchant de l’intensité de son désir.

Te souviens-tu de cette âme, qui était venue au saint temple, avec un grand désir de la communion ? Comme le prêtre montait à l’autel, elle lui demanda le corps du Christ, vrai Dieu et vrai homme, il lui répondit qu’il ne voulait pas le lui donner. Le gémissement et l’ardeur de cette âme s’en accrurent d’autant. Le prêtre en éprouva du trouble dans sa conscience, et à l’élévation du calice, le remords devint si violent, qu’il dit au clerc qui l’assistait : Demande-lui si elle veut la communion, je la lui donnerai volontiers. C’était l’Esprit-Saint, le serviteur attaché par ma providence au service de cette