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juste, qui s’est dépouillé pour mon amour des biens temporels, en renonçant au monde, à tous ses plaisirs et à sa volonté propre. Ceux qui enrichissent leur âme et dilatent ainsi leur cœur dans l’abîme de ma charité, y perdent toute inquiétude au sujet d’eux-mêmes, au point que non seulement ils n’ont aucun souci des biens du monde, mais encore ne peuvent-ils plus penser à eux-mêmes. C’est alors que moi, je prends en main le gouvernement de leurs affaires spirituelles et temporelles. Outre ma providence générale, j’ai pour eux une providence particulière ; c’est la clémence de mon Esprit-Saint qui se met à leur service et se fait ainsi leur servante.

Ne te souvient-il pas d’avoir lu, dans la vie des Pères du désert, l’histoire de ce saint homme qui avait renoncé à tout et à lui-même, pour la gloire et l’honneur de mon nom. Comme il était malade, c’est ma clémence qui veillait sur lui, et lui envoya un ange pour l’assister et pourvoir à ses besoins. Le corps était ainsi secouru dans sa misère, tandis que l’âme demeurait dans une inexprimable allégresse, en savourant la douceur de ce commerce angélique.

En pareille occurrence, l’Esprit-Saint est pour l’homme une mère qui le nourrit au sein de ma divine charité. Il l’a rendu libre, il l’a fait seigneur, en l’affranchissant de la servitude de l’amour-propre. Car là où brûle le feu de ma cha rité, là ne peut demeurer cette, eau de l’amour-propre qui éteint dans l’âme ce doux feu. Mon Esprit-Saint, ce serviteur que ma puissance lui a