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moi, le Dieu éternel, et vous. Après lui, vinrent les apôtres, les martyrs et les confesseurs, ainsi qu’il a été expliqué en un autre endroit. C’est ma providence qui a fait toute chose, et ainsi, te dis-je, pourvoira-t-elle à tout jusqu’à la fin.

C’est là, la providence générale, qui concerne toute créature raisonnable qui voudra recevoir les dons providentiels. Mais ma providence pourvoit aussi à toute chose, dans le particulier et dans le détail. C’est elle qui règle la vie et la mort et les circonstances de leur apparition, la faim, la soif, les pertes de fortune, la nudité, le froid, le chaud, les injures, le mépris, les affronts.

Toutes ces choses, c’est moi qui permet qu’elles arrivent aux hommes, bien que je ne sois pas cause de la perversité volontaire de celui qui fait le mal ou profère l’injure. Ce que je lui donne, c’est l’être et le temps, voilà ce qu’il a reçu de moi. Encore ne lui ai le point donné l’être ni le temps, pour qu’il m’offense, moi, ou son prochain, mais pour qu’il me serve avec amour, ainsi que ses frères, par charité. Je ne fais que permettre cet acte, et seulement pour exercer ou faire éclater la vertu de patience, en celui qui en est victime. Quelquefois je permettrai que le juste soit en butte à la haine de tous, et qu’à la fin, sa mort elle-même fasse l’étonnement des hommes du siècle. Il leur semblera inique que ce juste ait péri de mort violente, ici par l’eau, là par le feu, tantôt par la dent d’une bête féroce, tantôt sous les ruines de sa demeure.

Comme ces événements paraissent déconcertants,