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ils ne l’aiment pas, et n’en reçoivent pas le fruit de grâce. Ils voient tout de travers, là où tout est droit. Aveugles qu’ils sont, en toute chose ils prennent la lumière pour les ténèbres et les ténèbres pour la lumière, parce que c’est dans les ténèbres qu’ils ont mis leur espérance, c’est aux ténèbres qu’ils ont voué leur service. Leur aveuglement les fait tomber dans le murmure, et les conduit à la révolte.

O fille très chère, quelle n’est pas leur folie : Comment peuvent-ils bien croire que moi, la souveraine et éternelle Bonté, je puisse vouloir autre chose que leur bien, dans les petites choses, que je permets uniquement pour leur salut, quand ils savent par expérience que, dans les grandes, je ne veux rien d’autre que leur sanctification. Malgré tout leur aveuglement, avec un peu de lumière naturelle, ils devraient reconnaître ma bonté et le bienfait de ma providence. Ils la découvrent sans conteste dans la première création, et dans la seconde création qu’a trouvée l’homme dans le Sang, quand je le constituai à nouveau en grâce, comme je t’ai dit.

C’est là un fait bien évident, auquel on ne peut contredire. Ils n’en ferment pas moins les yeux à cette évidence, et s’effraient de leur ombre, parce que cette lumière naturelle n’a pas été développée dans la vertu. L’homme insensé ne voit pas, que toujours j’ai pourvu aux nécessités du monde en général et de chacun en particulier, suivant son état. Et comme, en cette vie, rien n’est stable, tout