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providence ne manquera jamais à qui cherche son appui et espère en moi comme il faut. Celui qui espère en moi, frappe et appelle en vérité, non seulement en paroles, mais par le sentiment du cœur. A la lumière de la très sainte foi, il me goûte moi-même dans ma providence ; mais non celui qui frappe et appelle en ne faisant entendre que le son de sa voix, et en disant seulement " Seigneur, Seigneur".

Je te l’affirme, si leur invocation n’a pas d’autre vertu, ce n’est pas ma miséricorde qui les reconnaîtra, mais ma justice. Ma providence, ai-je dit, ne fait pas défaut à qui espère en moi ; mais elle se détourne de qui me retire sa confiance pour la placer en soi-même. Tu le sais, on ne peut placer son espérance en deux choses contraires. C’est ce qu’a voulu faire entendre ma Vérité, quand elle a dit dans le saint Evangile " Nul ne peut servir deux maîtres, car s’il sert l’un, il méprise l’autre (Lc 16, 13) ". Le service suppose l’espérance. Le serviteur n’accomplit son service, qu’en vue de la récompense et des avantages qu’il prévoit devoir en retirer, ou dans l’espoir de plaire à son maître : par conséquent, il ne servira pas l’ennemi de son maître, car il ne le pourrait faire sans l’espérance de quelque avantage ; mais du même coup, par ce service et par cet espoir, il se verrait privé de ce qu’il attendait de son maître.

Considère, ma fille très chère, qu’il en va de même pour l’âme. Il faut qu’elle me serve et qu’elle