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Mais ma Providence est toujours en éveil, et je veux te faire comprendre que ce que j’ai donné à l’homme est un effet de cette Providence souveraine.

C’est ma Providence qui l’a créé, quand, regardant en moi-même, je fus épris d’amour pour ma créature et pris plaisir à le créer à mon image et ressemblance, suivant un ordre parfait. Je pourvus alors à lui donner la mémoire, pour qu’il conservât le souvenir de mes bienfaits, en le faisant participer de ma Puissance à moi, le Père éternel. Je lui ai donné l’intelligence pour que, dans la Sagesse de mon Fils unique, il connût et comprît la volonté a moi, le Père, distributeur éternel des grâces. Avec un amour de feu, je lui donnai la volonté, pour aimer ce qu’a vu et connu l’intelligence. Voilà ce qu’a fait ma douce Providence, pour que ma créature tût capable de me comprendre et de me goûter, et pût jouir de mon éternelle Bonté dans mon éternelle vision.

Comment atteindre cette fin ?

Comme je te l’ai dit maintes fois, le ciel était fermé par la faute d’Adam qui avait méconnu sa dignité pour n’avoir pas assez considéré avec quelle

Providence et quel amour ineffable je l’avais créé. Il tomba donc dans la désobéissance, puis de la désobéissance dans l’impureté, par orgueil et par complaisance pour la femme, aimant mieux céder et plaire à sa compagne que d’observer mon commandement. Bien qu’il ne crût pas ce qu’elle lui disait, il consentit à ce qu’elle lui proposait, préférant