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tu leur devais, l’obligation qui t’incombait de les élever dans la vertu, en leur donnant l’exemple d’une vie sainte, en les façonnant par la main de la miséricorde et la verge de la justice ! C’est le contraire que tu as fait, et ta conscience t’en accuse, en

présence de cette horrible apparition des démons. Et toi, prélat ! Si tu as conféré des prélatures ou des charges d’âmes a quelqu’un de tes inférieurs, en dehors du droit ; si tu n’as pas considéré, à qui et comment tu les as données, la conscience te cite à son tribunal. Elle voit clairement, aujourd’hui, pour quels motifs tu les devais distribuer, ces charges. Il ne fallait pas te laisser prendre aux flatteries, ni chercher à plaire aux créatures, ni te laisser séduire par les présents : tu ne devais avoir égard qu’à la vertu, à l’honneur de mon nom et au salut des âmes. Tu ne l’as pas fait, et ta conscience te le reproche à cette heure, pour ton châtiment, pour ta honte. En pleine lumière d’intelligence, elle te dit ce que tu n’aurais pas dû faire et que tu as fait, ce que tu aurais dû faire et que tu n’as pas fait.

Tu sais bien, très chère fille, que l’on connaît plus exactement le blanc quand il est rapproché du noir et le noir quand il est à côté du blanc, que lorsqu’on les voit séparés l’un de l’autre. Ainsi en est-il, pour ces infortunés, pour mes ministres et particulier, mais aussi, générale ment, pour tous les pécheurs, lorsqu’au moment de la mort, l’âme commence à apercevoir son malheur. Tandis que le juste a le sentiment de sa béatitude, le coupable voit se dérouler