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vie, j’use avec eux de ce doux stratagème, de les faire espérer largement dans ma miséricorde. Après avoir été nourris intérieurement dans cette espérance, ils sont moins enclins à s’en laisser détacher, quand vient la mort, par les durs reproches qu’ils entendent.

Cette grâce est pur don de mon ardente et insondable Charité. Mais cette grâce, ils en ont usé sous l’inspiration ténébreuse de l’amour-propre de là tout le mal. Ils ne l’ont pas connue en vérité ; il y avait une grande présomption, dans le sentiment qu’ils éprouvaient de la douceur de ma miséricorde.

C’est là un autre reproche que leur fait leur conscience, en présence des démons. Ils comptaient sur le temps, ils se confiaient à la libéralité de la miséricorde ! Oui, mais cette espérance leur était donnée pour dilater leur âme dans la charité et dans l’amour des vertus, pour employer en bonnes œuvres, le temps que je leur accordais par amour. Eux, ils ont passé ce temps, ils se sont servis de cette large espérance en ma miséricorde, pour m’outrager misérablement. O deux fois aveugle ! tu as enfoui la perle et le talent, que je t’avais mis entre les mains pour en tirer profit. Dans ta présomption, tu as refusé de faire ma volonté, et sous la terre de ton amour-propre, de ton amour égoïste, tu as enfoui mon don : il a fructifié, et tu en recueilles à cette heure un fruit de mort. O malheureux, quelle peine s’abat sur toi en cette extrémité ! Tu ne peux plus fermer les yeux sur tes misères !