Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/135

Cette page n’a pas encore été corrigée


CHAPITRE XXIII

(132)

De la mort des pécheurs et de leurs peines en ce dernier instant.

Le bonheur de mes prêtres fidèles n’est pas si grand, ma fille très chère, qu’il ne soit encore dépassé par la misère des pauvres infortunés dont je t’ai parlé. Que leur mort est affreuse et qu’elle est enveloppée de ténèbres !

A ce dernier instant, comme je te l’ai dit, les démons, par leurs accusations, les épouvantent et jettent le trouble dans leur esprit. Ils se montrent à eux sous une figure si horrible qu’il n’est point de peine en cette vie, tu le sais, qu’une créature aimerait mieux endurer, plutôt que de subir cette vue. Le remords de la conscience se réveille alors avec une telle vivacité, qu’il ronge cruellement le pécheur au plus intime de lui-même.

Tous les plaisirs déréglés, la sensualité propre qui s’était rendue souveraine et tenait en esclavage la raison, l’accusent sans merci parce qu’il reconnaît à cette heure, la vérité de ce qu’il méconnaissait auparavant. Le sentiment de son erreur le jette dans une grande confusion. Il découvre que, toute sa vie, il a vécu comme un infidèle et non en croyant, parce que l’amour-propre avait obnubilé chez lui