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conscience a donné l’alarme à la garde de la raison ; et la raison, en compagnie du libre arbitre, a pu reconnaître, à la lumière de l’intelligence, si c’était un ami ou un ennemi qui se présentait.

A l’ami, â la vertu, aux saintes pensées du cœur, la raison et le libre arbitre ont ouvert avec plaisir, avec amour, et les ont entourés de soins et de sollicitude. L’ennemi, le vice, les pensées mauvaises, ils l’ont repoussé avec haine et dégoût.

La lumière de la raison et la main du libre arbitre armée de ce glaive de la haine et de l’amour se sont employées à donner la chasse à cet ennemi. Aussi, au moment de la mort, la conscience est-elle sans reproche, parce qu’elle a fait bonne garde : elle laisse donc l’âme en paix.

Il est vrai, cependant, que l’âme du juste, par humilité, et parce qu’aussi elle connaît mieux, a cet instant de la mort, la valeur du temps et le prix de la vertu, se reproche à elle-même de n’avoir pas assez bien employé ce temps. Mais la peine qu’elle en éprouve n’est pas afflictive ; elle lui est profitable, au contraire. Elle amène l’âme à se recueillir en elle-même, pour se mettre en présence du sang de mon Fils, l’humble Agneau sans tache. L’âme ne s’attarde pas a considérer ses mérites passés, car elle ne veut ni ne peut espérer dans sa propre vertu ; tout son espoir est dans le Sang où elle a trouvé ma Miséricorde. Comme elle a vécu avec le souvenir de ce sang, elle s’enivre encore de ce sang, elle s’y plonge jusque dans la mort.

Et les démons, comment pourraient-ils encore