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volontiers en voyant que telle est ma volonté. La sainte haine qu’elles conçoivent d’elles-mêmes, met ces âmes en hostilité permanente avec le monde, avec le démon, avec la sensualité propre. Aussi, à leur dernière heure, leur mort est paisible, parce que leurs ennemis ont été vaincus pendant leur vie.

Le monde ne peut accuser cette âme, qui a si bien connu tous les mensonges du monde qu’elle a renoncé au monde et a ses plaisirs.

La fragile sensualité ni le corps ne la peuvent non plus accuser, puisqu’elle a réduit sa sensualité en esclavage par le frein de la raison, et macéré sa chair par la pénitence, par les veilles, par d’humbles et continuelles prières. Elle a tué la volonté sensitive par la haine du vice et par l’amour de la vertu, et radicalement détruit le trop tendre amour, que l’homme a pour son corps. C’est cet amour, c’est cette tendresse que l’âme éprouve naturellement pour son corps qui fait paraître la mort si affreuse, et inspire à l’homme cette peur instinctive de la mort.

Mais, dans le juste parfait, la vertu triomphe de la nature : elle réprime la crainte naturelle, elle la domine par une sainte haine et par le désir de retourner à sa fin. La tendresse naturelle ne peut donc lui livrer assaut., et sa conscience demeure tranquille, parce que, durant sa vie, elle a fait bonne garde, elle a aboyé chaque fois qu’un ennemi paraissait, pour attaquer la cité de l’âme. Comme le chien, qui, à la porte, aboie dès qu’il aperçoit l’ennemi et réveille ainsi les gardes, le chien de la