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honteuses que celles dont il devait la libérer. Si tu t’en souviens bien, tu as vu de tes propres yeux, la pauvre créature ainsi trompée. N’est-ce pas là un pasteur qui n’a plus avec lui le chien de la conscience ? Et non seulement il a étouffé la sienne, il tente encore de faire taire celle des autres.

Je leur ai confié la charge de chanter et de psalmodier, la nuit, l’office divin. Eux, au contraire, recourent aux maléfices et aux incantations démoniaques pour que le démon leur procure, la nuit, la visite de ces créatures qu’ils aiment si bassement. Et ils croiront qu’elles sont venues ; mais ils sont le jouet d’une illusion.

O malheureux, je t’avais choisi pourtant pour passer dans la prière les veilles de la nuit, et te disposer ainsi, le matin venu, à célébrer le sacrifice ! Tu devais répandre sur le peuple l’odeur de la vertu et non l’infection du vice ! Je t’ai élevé à l’état des anges, pour te permettre, dès cette vie, de converser avec les anges, par la sainte méditation, afin qu’au dernier jour tu puisses jouir de moimême dans leur compagnie ; et toi, tu mets tes délices à être un démon, à converser avec les démons, et c’est ainsi que tu te prépares à l’instant de la mort ! La corne de ton orgueil a crevé, dans l’œil de ton intelligence, la pupille de la très sainte foi tu as perdu la lumière, et tu ne vois plus en quelle misère tu es tombé ! Tu ne crois donc pas que toute faute est punie, et toute bonne action récompensée. Si tii le croyais vraiment, tu agirais autrement ; tu ne rechercherais pas, tu ne voudrais pas un pareil