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qu’ils en arrivent, parfois, au crime que je veux te dire.

Il en est d’aveuglés à ce point par le démon, que souvent ils font semblant de consacrer et ne consacrent pas, par crainte de mon jugement, et pour s’enlever tout frein qui pourrait encore les retenir dans leurs mauvaises actions. Le soir, ils ont mangé et bu plus que de raison, puis le matin, ils s’arracheront à leurs impuretés, il leur faudra satisfaire au service du peuple. Le souvenir de leurs fautes les arrête, ils voient qu’en bonne conscience ils ne doivent ni ne peuvent célébrer en cet état. Ils éprouvent quelque crainte de mon jugement, non par haine du vice, mais par l’amour-propre qu’ils ont pour eux-mêmes. O ma très chère fille, vois quel est l’aveuglement de ce prêtre ! Au lieu de recourir à la contrition du cœur et de regretter sa faute, avec le ferme propos de s’en corriger, il s’arrête à un autre moyen, il ne consacrera pas ! Aveugle qu’il est, il ne voit pas, que le mal qu’il se dispose à accomplir est plus grave encore que celui qu’il a déjà commis ! Il va rendre le peuple idolâtre, en proposant à ses adorations une hostie non consacrée, comme si elle était le corps et le sang du Christ mon Fils unique, vrai Dieu et vrai homme ! C’est ce qu’elle est, une fois consacrée, mais en cette circonstance elle n’est vraiment que du pain.

Quelles abominations, tu le vois, et quelle patience ne me faut-il pas pour les supporter ! S’ils ne se corrigent pas, toutes mes grâces tourneront à leur condamnation.