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comme celui qui m’aime vraiment, hait le monde. C’est pourquoi ma Vérité a dit : Nul ne peut servir deux maîtres si opposés : en servant l’un il mécontente l’autre (Mt 6, 24).

Tu vois donc que l’amour-propre dépouille l’âme de ma charité pour la revêtir du vice de l’orgueil ; et, par là même, tout péché a sa source dans l’amour-propre.

Toutes les créatures raisonnables m’affligent, de toutes je me plains, mais combien plus de ceux que j’ai consacrés mes ministres et qui ont pour devoir d’être humbles. Tous en vérité doivent posséder cette vertu d’humilité qui nourrit la charité, mais combien plus ceux qui sont attachés au service de l’humble Agneau sans tache, mon Fils unique. Ils n’ont pas honte cependant, et toute la race humaine avec ceux, de s’exalter eux-mêmes, alors qu’ils me voient, Moi, m’abaisser jusqu’à l’homme pour unir à votre chair le Verbe mon Fils unique, alors qu’ils voient ce Verbe s’empresser à l’obéissance que je lui ai imposée, et se soumettre à la mort ignominieuse de la croix ! Il a la tête inclinée pour te saluer, le front couronné pour t’orner, les bras étendus pour t’embrasser, les pieds percés de clous pour demeurer avec toi ! Et toi, homme misérable, qu’il a fait le ministre de tant de générosité et de tant d’abaissement, tu devrais embrasser la croix et tu la fuis, pour porter tes embrassements à de criminelles et immondes créatures.