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te l’ai dit plus. explicitement, en un autre endroit. Tu le vois donc. la science est bonne en soi, mais elle peut être dépravée par le mauvais usage que le savant en peut faire. S’il ne met pas plus de droiture dans sa vie, elle deviendra même pour lui un feu vengeur.

Aussi, doit-on considérer davantage la bonne et sainte vie, et la préférer à la science d’un libertin. C’est le contraire, pourtant, que l’on fait. Les hommes de bien et de vertu, s’ils ne sont point de science raffinée, sont tenus pour sots ; on les méprise. Quant à ceux qui sont pauvres, on les écarte, parce qu’ils n’ont rien à donner.

Ainsi, ma propre maison, qui devrait être la maison de la prière, où brilleraient la perle de la justice, avec la lumière de la science unie à une bonne et sainte vie, où l’on respirerait le parfum de la vérité, ma maison est pleine de mensonge. Ceux qui l’habitent devraient posséder la pauvreté volontaire, un zèle sincère pour préserver les âmes, ou les arracher aux mains du démon, et ils n’ont de goût que pour les richesses ; le soin des choses temporelles les absorbe tellement, qu’ils n’ont plus aucun souci des spirituelles. Jouer, rire, accroître et multiplier leur bien, voilà qui prend toute leur vie. Ils ne s’aperçoivent pas, les pauvres, que c’est le moyen le plus assuré de perdre leurs richesses ! S’ils étaient riches en vertu, ils s’adonneraient à l’administration des choses spirituelles, comme ils le doivent, les biens temporels leur viendraient en