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Pour élever aux prélatures, l’on ne s’enquiert plus de la vie de ceux qui sont promus ; l’on ne s’informe plus, s’ils sont bons ou mauvais. Si l’on fait quelque enquête, c’est auprès de ceux qui sont les complices de leurs péchés, c’est ceux-là qu’on interroge, et qui sont tout disposés à leur rendre de bons témoignages, puisqu’ils sont semblables à eux. On n’a égard qu’à la grande situation du candidat, à sa naissance, à sa richesse, à la distinction de son langage. Ce qui est pire, c’est qu’on alléguera même, parfois, et en plein consistoire qu’il est beau de sa personne. Langage de démon, note bien ! Là où l’on devrait rechercher l’ornement et la beauté de la vertu, l’on n’a d’yeux que pour la beauté du corps !

Ceux qu’on devrait préférer, ce sont les humbles qui s’effacent, ceux qui, par humilité, fuient les prélatures ; et voilà qu’ils choisissent ceux qui, par vaine gloire, et tout enflés d’orgueil, briguent cette élévation !

On fait grand cas de la science. Certes, la science, en soi, est bonne. Elle est parfaite, quand celui qui la possède, y joint une vie honnête et sainte et une sincère humilité ; mais, dans un orgueilleux, dépravé et libertin, la science est un poison. Ce savant n’a pas le sens de l’Écriture, il n’en entend plus que la lettre. Son esprit est dans les ténèbres, parce qu’il a perdu la lumière de la raison, et qu’il a obscurci l’œil de son intelligence. C’est dans cette lumière de la raison, accrue de clartés surnaturelles, que fut exposée et comprise la sainte Écriture, comme je